REIMS QI GONG, Club de Qi Gong
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Bachelard - Extraits

Gaston Bachelard (1884-1962) ...

Le dormeur éveillé




La psychanalyse du Feu


Le nouvel esprit scientifique

La pensée scientifique moderne réclame qu’on résiste à la première réflexion. C’est donc tout l’usage du cerveau qui est mis en question. Désormais le cerveau n’est plus absolument l’instrument adéquat de la pensée scientifique, autant dire que le cerveau est l’obstacle à la pensée scientifique. Il faut penser contre le cerveau.


L'air et les songes

Pour bien connaître les émotions fines dans leur devenir, la première enquête consiste d'après nous à déterminer dans quelle mesure elles nous allègent ou dans quelle mesure elles nous alourdissent. C'est leur différentielle verticale, positive ou négative, qui désigne le mieux leur efficacité, leur destin psychique.
Nous formulerons donc ce principe premier de l'imagination ascentionnelle. De toutes les métaphores, les métaphores de la hauteur, de l'élévation, de la profondeur, de l'abaissement, de la chute sont par excellence des métaphores axiomatiques, rien ne les explique et elles expliquent tout. Plus simplement, quand on veut bien les vivre, les sentir et surtout les comparer, on se rend compte qu'elles portent une marque essentielle et qu'elles sont plus naturelles que toutes les autres. Elles nous engagent plus que les métaphores visuelles, plus que n'importe quelle image éclatante. Et pourtant le langage ne les favorise pas.
Le langage instruit par les formes ne sait pas aisément rendre pittoresques les images dynamiques de la hauteur.
Cependant, ces images sont d'une singulière puissance : elles commandent la dialectique de l'enthousiasme et de l'angoisse. La valorisation verticale est si essentielle, si sûre, sa suprématie est si indiscutable que l'esprit ne peut s'en détourner quand il l'a une fois reconnue dans son sens immédiat et direct. On ne peut se passer de l'axe vertical pour exprimer les valeurs morales. Quand nous aurons mieux compris l'importance d'une physique de la poésie et d'une physique de la morale, nous toucherons à cette conviction : toute valorisation est verticalisation.


La Poétique de l’espace

L'immensité est une catégorie philosophique de la rêverie. Sans doute la rêverie se nourrit de spectacles variés mais par une sorte d'inclination native, elle contemple la grandeur. Et la contemplation de la grandeur détermine une attitude si spéciale, un état d'âme si particulier que la rêverie met le rêveur en dehors du monde prochain devant un monde qui porte le signe d'un infini.
Par le simple souvenir, loin des immensités de la mer et de la plaine, nous pouvons, dans la méditation, renouveler en nous-même les résonances de cette contemplation de la grandeur.
Mais s'agit-il vraiment alors d'un souvenir? L'imagination à elle seule, ne peut-elle pas grandir sans limite les images de l'immensité ? L'imagination n'est -elle pas déjà active dès la première contemplation ?
En fait la rêverie est un état entièrement constitué dès l'instant initial. On ne la voit guère commencer, et cependant elle commence toujours de la même manière : elle fuit l'objet proche et tout de suite elle est loin, ailleurs, dans l'espace de l'ailleurs.
L'immensité est en nous. elle est attaché à une sorte d'expansion d'être que la vie réfrène, que la prudence arrête mais qui reprend dans la solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs. Nous rêvons dans un monde immense. L'immensité est le mouvement de l'homme immobile. L'immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille.


L'air et les songes, Essai sur l’imagination du mouvement

Le souffle poétique, avant d’être une métaphore, est une réalité qu’on pourrait trouver dans la vie du poème si l’on voulait suivre les leçons de l’imagination matérielle aérienne. Et si l’on donnait plus d’attention à l’exubérance poétique, à toutes les formes du bonheur de parler doucement, rapidement, en cirant, en murmurant, en psalmodiant…on découvrirait une incroyable pluralité des souffles poétiques. Aussi bien dans la force que dans la douceur, aussi bien dans la colère poétique que dans la tendresse poétique, on verrait en action une économie dirigée des souffles, une administration heureuse de l’air parlant. Telles sont du moins les poésies qui respirent bien, tels sont du moins les poèmes qui sont de beaux schèmes dynamiques de respiration. Il est des mots qui, à peine prononcés, à peine murmurés, apaisent en nous des tumultes. Quand il sait les unir dans leur vérité aérienne, le poème est parfois un merveilleux calmant. Le vers âpre et héroïque sait garder aussi une réserve de souffle. Il donne à la voix brève qui commande une durée vibrante, à l’excès de force il donne la continuité. Un air tonique, une matière de courage coule à flots dans le poème. Toute poésie – non seulement la poésie déclamée, mais la poésie lue en silence – est sous la dépendance de cette économie primitive des souffles. Les types imaginaires les plus divers, qu’ils appartiennent à l’air, à l’eau, au feu, à la terre, dès qu’ils passent de la rêverie au poème, viennent participer à une imagination aérienne par une sorte de nécessité instrumentale. L’homme est un tuyau sonore. L’homme est un roseau parlant.



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Zhong Yong