REIMS QI GONG, Qì Xué
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Wáng Fūzhī (1619-1692), - Courts extraits

Wáng Fūzhī est un lettré chinois résolument attaché à la dynastie Ming et très hostile aux Mandchous (comme une bonne partie des lettrés de son époque), qui a vécu une période particulièrement troublée. Disciple de Confucius, il réexamine en détail la philosophie néo-confucéenne qui domine la Chine à son époque et élabore sa propre philosophie, effectuant ainsi une reconstruction du néoconfucianisme. La pensée de Wáng Fūzhī selon Jacques Gernet :
...n'est pas à la recherche de vérités définitives démontrées par un recours à la logique du langage, et ne porte intérêt qu'au relatif et à l'accord avec le moment et la situation.
"c'est sans doute pourquoi cette pensée n'a pas droit de cité chez nous en tant que philosophie"...
Zhāng Zăi a été un maitre à penser pour Wáng Fūzhī ; il l'a notamment suivi dans son interprétation du Yi Jing.
"La grande originalité de Zhāng Zăi au sein de pensée néoconfucéenne tient à ce qu'il identifie l'énergie universelle (le Qi) avec la limite suprême à l'origine du grand procès du monde (au lieu de le déduire de celui-ci) : cette énergie universelle ne fait qu'un avec le grand Vide de la non-actualisation qui n'est autre lui-même que la grande Harmonie ou la Voie : tout le cours du monde s'explique dès lors de façon logique par alternance de contraction et d'expansion.
La pensée de Wáng Fūzhī gravite autour de l'unité de l'homme et du monde dans l'énergie vitale. Il affirme ainsi l'unité du principe et de l'énergie :
"En réalité, le principe réside dans l'énergie et l'énergie n'est rien d'autre que le principe ; l'énergie réside dans le vide et le vide n'est rien d'autre qu'énergie : tout n'est qu'un, il n'y a pas de dualité."

Commentaire sur l'interprétation de Zhāng Zăi à propos des quatre rejets de Confucius

« Le Maître rejetait absolument le Yi, la nécessité, l'obstination, l'ego. »

[Pour Wáng Fūzhī ,] Zhāng Zăi assimile l’intention qui traduit ici le mot Yi à la pensée, à l’idée préconçue, à la volonté de réaliser quelque chose, alors qu'il préconise d'établir son Zhi, aspiration ambitieuse selon lui.
Il poursuit ainsi :
Parmi l’intention, la nécessité, l’obstination et l’ego, c’est l’intention qui est la racine. La nécessité, l’obstination et l’ego sont tous issus de l’intention sans laquelle ils s’anéantissent. Quand on s’initie à l’étude [confucéenne], on met dans la droiture, le sens du devoir, sans rechercher le profit et on élucide le Dào sans penser aux mérites. Quand on y accède, le sens du devoir est affiné et le sens de l’humain parvient à maturité ; on fait ce qui doit être fait et on agit selon les moments ; on opère des transformations là où l’on passe. Au commencement des efforts en vue de la sainteté ainsi qu’à l’aboutissement de la vertu du ciel, que l’on étudie au plus près ou atteigne une compréhension supérieure, le [fonctionnement] est Un et identique à ce propos.


Du Sishudaquan Shuo

Remplissant l'espace entre Ciel et Terre, à l'intérieur et à l'extérieur du corps vivant, rien qui ne soit pas de l'énergie.
[...]
L'imbrication de l'homme et de la nature est simplement un continuum de l'énergie.

Le principe ou pouvoir spontané d'organisation est ce qui circule à l'intérieur des énergies et qui, en collaboration avec elles, les maîtrise et les répartit en les dosant.[...] Le principe d'ordre n'apparaît que dans les énergies.

Le principe d'organisation est à l'intérieur des énergies. C'est pourquoi le Yi Jing dit :"Un Yīn, Un Yáng est ce qu'on appelle le Dào, (mode de fonctionnement de l'univers)" ; mais il dit aussi : "Ce qui est incorporel est ce qu'on appelle le Dào", ce qui veut dire que l'incorporel (Dào aussi appelé Li) est inséparable de l'alternance et des combinaisons des énergies Yīn et Yáng.

Les seules choses au monde qui n'aient pas de nature sont celles qui sont fabriquées par l'homme. C'est pourquoi, au moment même où elles ont un corps (Ti), leur usage (Yong) ne se réalise pas, et il faut attendre que l'on s'en serve pour que cet usage apparaisse.

Entre connaissance et action, il y a des gens qui établissent une séparation générale. Il est exact que rechercher sens et raison vise à connaître, tandis que s'appliquer aux tâches qui nous incombent est agir.
Cependant, si pour comprendre quelque chose, on y applique toutes ses forces, il y aura aussi (dans cet effort) une action et si, au moment même où l'on s'applique à une tâche, on ne néglige pas d'examiner et de réfléchir, il y aura aussi connaissance.

   分, 有       者,  則       知,
       也。
    中, 力     事, 則     
   際, 不     功, 則    矣。


Entre Ciel et Terre il n'y a que principe d'organisation et énergies. Les énergies portent (en elles) le principe d'organisation et ce principe introduit dans les énergies hiérachie et succession. Le principe d'organisation est incorporel, tandis que les énergies sont figurées par des symboles (Xiang) (les lignes Yin et Yang des hexagrammes) et ces symboles correspondent à des nombres.

       氣,  氣         氣。
  形,  氣   象,  者   數。


La nature d'avant la formation des êtres est créée par le Ciel; celle qui se forme après l'est par les habitudes.
Dans le mouvement (des énergies) qui se produit après la formation des êtres, certaines des énergies trouvent leur juste place et d'autres non. C'est que du fait de l'absence de toute intention dans la transformation universelle, il n'y a pas de régularité. Quand les énergies ont trouvé leur juste place, l'influence qu'exerceront les autres êtres sur l'individu ainsi formé n'auront pas de mauvais effet sur les habitudes, et les habitudes qu'il acquerra ne nuiront pas à sa nature. Au contraire, quand les énergies n'ont pas trouvé leur juste place, les autres êtres exerceront sur l'individu ainsi formé une influence qui modifiera ses habitudes dans le sens du mal et il se formera chez lui une mauvaise nature.
Ce n'est pas la faute ni de son corps, ni de ses sens. Ce n'est pas non plus la faute du corps ou des sens des autres êtres.
La faute est dans les impondérables qui se produisent dans les relations entre les corps et les sens de cet individu et ceux des autres êtres.

    天 成 之,  後   性,  習   也。
   動,  有  位,  有   位,  亦           位,  則         性。
  位,  則           矣。
         也,  亦         也。
                 也。



Sishu Jianjie

C'est spontanément que notre ouïe, notre vue, notre goût, notre odorat, notre corps s'accordent avec les sons, les couleurs et toutes les choses qui leur correspondent. Il y a là une connaissance qui n'a pas besoin d'apprentissage. C'est à ce propos que (Mencius) emploie le mot de nature [VII B-24].


Zhangzi Zhenmeng Zhu

Si le Yīn et le Yáng étaient provoqués par le mouvement et le repos, ils auraient chacun leur fondement constitutif (Ti) : le repos serait inhérent au Yīn et le mouvement inhérent au Yáng. [En réalité,] au moment du repos, l'énergie Yīn s'accumule pour envelopper le Yáng ; au moment du mouvement, l'énergie Yáng s'étend pour mettre en branle le Yīn. Il est donc clair que Yīn et Yáng n'ont pas comme cause première le mouvement et le repos.

« Par l'expression des deux extrémités, dit Zhāng Zăi, il faut entendre le vide et le plein, le mouvement et le repos, l'assemblage et la dissociation des énergies, le trouble et le pur qui tous, ne font qu'un ».

Tous les êtres sont le produit des assemblages de l'énergie universelle. Ils sont parcourus par son pouvoir d'organisation (Li), sujets à l'ordre universel (Dào) (de l'alternance et de la combinaison) du Yīn et du Yáng, et cet ordre est (le principe) de notre constitution (Ti)... notre esprit, nos pensées, notre ouïe, notre vue, il n'est rien qui ne soit l'effet de condensations nées de cet ordre et qui ne doive son fonctionnement (Yong) à son efficacité.

Associations et dissociations des énergies, vie et mort des êtres (vivants), apparitions et disparitions, ce qui vient (à la vie et au présent) et ce qui s'en va (vers la mort et le passé), tout celà est le produit spontané du pouvoir d'organisation (Li) (des énergies) et des forces inéluctables (Shì); ce sont là des choses qu'on ne peut pas interrompre ni arrêter -

   散,  物   生,  出  來,  入  往,  皆     然,  不      ...

Assemblées et formant des corps ou dispersées et ayant fait retour au Grand Vide, les énergies sont toujours les mêmes. Comme l'esprit subtil (Shén) est la forme la plus merveilleuse des énergies, qu'il en est indissociable et forme avec elles l'ensemble constitutif (des êtres vivants), l'esprit subtil est lui aussi toujours le même.

...    形,  散     虛,  氣    也。
 者, 氣  靈,  不        體,  則     也。


Rien de ce que nos sens saisissent ne peut avoir de signification sans être traduit et interprété par notre esprit. La perception se produit quand il y a rencontre des trois : corps (Xing, doté de sens), esprit (Shén) et objet (Wù).

Cependant, bien que l'esprit sensible (Xin) ne relève ni du corporel, ni du phénoménal (Xiang), il doit nécessairement se fonder sur ce qu'il a vu et entendu pour en faire la substance de ses représentations (Ying Zhi) :
L'esprit sensible est incapable de faire apparaître des images (Xiang) de ce qu'il n'a pas été accoutumé à voir et à entendre. Au contraire la nature humaine relève purement du principe de l'esprit subtil (Shén Li) : toutes les notions (Li) possibles sont contenues dans notre nature. Dans le calme et l'impassibilité complète, les innombrables transformations (de l'univers) s'y trouvent toutes sans que rien puisse y faire obstacle

     象。性     理。 凡    者。
                     


« Le principe d'ordre du Ciel n'est que moment opportun et justice » Ce principe d'ordre est (l'ensemble des) hiérarchies et successions que le Ciel rend manifestes :
moment opportun afin de s'adapter à toutes les changements et transformations, justice afin de maintenir ferme l'intégrité des normes.
Le vent et la pluie,la rosée et le tonnerre n'ont aucune date déterminée et cependant le froid et la canicule, la pousse des plantes et leur destruction se produisent finalement avec une fidélité absolue.
De même l'homme de bien, se conformant à la régularité générale des changements applique ou réserve peines et faveurs, mais (finit par) s'accorder avec la grande équité.

「天  者,  時   已。」理 者,  天        也。
     化,  義     常,
        期,  而        信。
      賞,  因        中。


La variabilité dans la répartition des énergies (lors de la conception) ont seulement pour effet des capacités ou un défaut de capacités. Il n'y a pas d'hommes qui naissent vils et stupides au point de ne plus percevoir les relations entre souverain et sujets, père et fils et de commettre des actions honteuses telles que voler les gens dans leurs maisons.
Mais quand moeurs et coutumes ont décliné, ceux dont les capacités sont insuffisantes se laissent d'autant plus facilement infecter par les habitudes (entourage/mode). Par suite, ils s'éloignent chaque jour (de leur nature) au point de ne plus pouvoir changer, ...
Cet éloignement extrême et (apparemment) irrémédiable dû aux habitudes ne veut pas dire pour autant que leur nature ne peut plus être modifiée.

   者, 才       已;
       愚, 以            穿     者。
  衰, 風  壞, 才        易, 遂         變,
         ,
       移, 非      也。


« L'homme souffre d'embarrasser son esprit de ce qu'il a vu et entendu et de ne pas se préoccuper d'épuiser (les ressources de) cet esprit . »
Pousser à la limite (les ressources de) son esprit signifie aller au bout de ce qu'on est capable de percevoir fondamentalement
...
Embarrasser veut (donc) simplement dire embarasser (son esprit), c'est à dire maintenir son attention la plus vive en arrêt sur les plus menus témoignages des sens. Il ne s'agit alors pas de (le) vider de ses désirs, mais de (le) soulager de ses connections et liens encombrants.
Le 'dedans', c'est l'esprit subtil qui est dans le coeur, le 'dehors', ce sont les choses, leur apparence. Or, ces apparences ne tiennent que par l'esprit (Shén) et l'esprit ne peut se manifester en l'absence de ces apparences.

「人          心,  而      。」
   者,  盡    
...
 者, 盡  使       爾, 非        也。
 者, 心  神; 外 者, 物 之, 法 象。 法     立, 神     顯。


L'esprit de la plupart des gens s'arrête au caractère étroit de leurs sens, tandis que le saint, pénétrant toujours jusqu'au fond de sa nature, ainsi n'entrave pas son esprit. Dans sa vision du monde, il n'est aucun être qu'il ne soit lui-même. Ce qu'on a entendu et vu est habitude. Or, ce qui est connu par habitude est limité dans la connaissance du bien et, a fortiori, dans celle du mal. (Au contraire) si nous savons aller jusqu'au fond de notre esprit, exploitant entièrement sa capacité innée d'intelligence virtuelle et de clarté, nous serons en accord dans son ensemble, avec le principe d'organisation d'où procèdent tous les êtres du Ciel et de la Terre, et nous connaîtrons la grande origine.

   必,  止     狹,  聖   性,  不      心,  其        

Quand on n'entend ni ne voit, si les notions (Li) (déduites de ce qu'on a vu et entendu) ne disparaissent pas et si les choses (déjà enregistrées par la mémoire) ne deviennent pas aussitôt invisibles, c'est la merveille du maintien de l'esprit (Shén).

                   

Le Ciel n'a pas de corps. Ce qui lui sert de corps, c'est son mode d'activité.
'Saisir dans sa totalité', c'est agrandir son esprit pour le laisser se mouvoir immensément. Alors, ce mode d'activité du Ciel apparaît à nos yeux et nous savons ce qui constitue le Ciel
.

  體,  用   體。
  者,  大     之,  則          矣。


Ce qui fait que l'énergie universelle en fusion (dans le Grand Vide) contient des natures de fermeté et de docilité (Jian Shun) (caractéristiques du Yin et du Yang) et que, dans ses mouvements vers le haut et vers le bas, de contraction et d'expansion, le principe d'organisation ramifiée est toujours fidèle (à ses modèles) (Tiao Li Bi Xin), c'est l'esprit subtil.
Ce qui est à l'origine des changements sans nombre dans les phénomènes et dans les corps que cet esprit crée au moyen des assemblages (de Qi), ce sont les transformations. L'esprit subtil est donc celui de l'énergie (universelle); la transformation est celle des énergies (Yin et Yang).

       性,以    伸,  條    者,  神 也。
              者,  化 也 。 故 神,氣  神; 化,  氣   也。


Zhang Zai : « La nature est ce qui unit en un tout présence et absence, vide et plein ».
Quand on a fait sien et expérimenté cela, on sait ce qu'est la nature...
C'est pourquoi quand on cherche le corps et la substance des quatre vertus, elles ne sont plus là, c'est le vide; (à l'inverse) quand on décicde de les réaliser et qu'on les met en pratique (Yong),
elles sont là bien présentes. Il en va de même pour pour l'acuité de notre ouïe, la clarté de notre vue, la pénétration de notre esprit :
appliquées aux choses et aux êtres, elles sont là bien présentes, mais si on veut les appliquer à ce qui leur est insondable, on ne trouve plus que le vide.

...     智,  求   體,  皆  也,  虛 也;  而   體,發  用,
   也,  實 也,  耳  聰,  目  明,  心  睿:
    者,  皆  也,  實 也;  而    測,  則  也,  虛 也。



Zhouyi Waizhuan

Ce que [Laozi] appelle vide (à la stance 11 du Dao Dé Jing), c'est où il n'y a encore rien d'accumulé. Or, s'il n'y a rien d'accumulé, le vide d'un char est exactement comme le vide d'un pot, et si le vide d'un pot est la même chose que le vide (du moyeu) d'un char;
N'est ce pas quasiment comme si l'on pouvait transporter des marchandises dans un pot et verser du liquide dans (le moyeu d'un) char ?
Laozi donne la préséance à la faiblesse (Wu) et rejette la force (la structure du char ou la solidité du pot). A force d'errer ainsi dans le vague, l'homme devient un revenant. En donnant la préséance à la faiblesse et en rejetant la force, tout le monde perd ce qui le constitue comme personne humaine. Laozi fait ainsi disparaître la permanence indestructible de notre nature, interrompt la vie sans cesse renouvelée que produisent le Ciel et la Terre. Ainsi, le principe suprême de l'humanité est-il détruit et l'univers n'a plus d'assise.
Ceux qui savent parler du Dao comme il faut partent de la fonction (Yong) pour parvenir à ce qui est constitutif (Tĭ). Les autres (les bouddhistes et les taoistes) établissent faussement une seule réalité constitutive (ici, le vide) et, s'y attachant, éliminent la fonction.

    者,  未     也,  未  積,  則           無。
  使       漿 
   遷,  屍    強。 遊         鬼, 屍          身。
     存,  斷     生,  則           矣。
    者,
...

Le Yáng a pour fonction de produire les énergies vitales, et le Yīn du corporel.

Le Yīn et le Yáng sont présents dans l'énergie originelle en fusion du Grand Vide. Dans leur alternance et collaboration, le Yīn et le Yáng, tantôt en mouvement, tantôt au repos, s'agitent et se frottent l'un contre l'autre, profitant du moment (Shì) et de leur position pour manifester leurs effets et leurs pouvoirs, dans les (phénomènes) de fusion et de nouage, écoulement et arrêt (qui se produisent) dans les cinq éléments,...

« Tout sous le Ciel n'est en effet que moment opportun et force des choses et exige que l'homme] sache profiter des moments favorables et se conformer à la force des choses. » ... [Ce principe taoiste exclusif rejette le normes humaines et participe de la destruction l'ordre naturel des choses]... Or, même dans le plus petit instant, nous sommes liés aux autres êtres; nos moindres mouvements, nos moindres paroles se produisent en relation nécessaire avec les autres êtres.

Le savoir se réalise par accumulation et assemblage ; anciennes et nouvelles connaissances se prêtant un mutuel appui, il y a renouvellement continu de l'acquis antérieur. La réflexion (Si), au contraire, s'acquiert dans la longue durée : le manifeste et l'imperceptible s'y succédant, l'imperceptible y est déduit par investigation de sa relation avec le manifeste.

   聚,  新       故;  思   永,  微        


Siwenlu Neipian

L'invisible est la matrice du visible, tandis que le visible est la manifestation de (ce qui s'est accompli dans) l'invisible... Avec le Yáng, il y a organisation ramifiée ; avec le Yīn, hiérarchie et succession temporelle... Les produits que créent hiérarchie et succession temporelle dans le repos (du Yīn) sont comme une végétation qui ne cesserait jamais de proliférer. Mais qui pourrait les voir ?

Ce que nos yeux ne voient pas n'en est pas moins doué des propriétés du visible. Ce que notre ouïe n'entend pas n'en est pas moins doué des propriétés de l'audible. Des propos que nous ne comprenons pas n'en peuvent pas moins être doués de sens.
C'est pourquoi il est dit : « Ce qu'on sait, savoir qu'on le sait, ce qu'on ne sait pas, savoir qu'on ne le sait pas, tel est le vrai savoir ».
Dans ce qu'on sait, il subsiste des choses qu'on ne sait pas, et savoir cela, tel est le vrai savoir. En procédant ainsi et en tirant toutes les conséquences de ce qu'on voit, l'aspect de ce qu'on ne voit pas apparaîtra clairement...
Sans être arrêté par ce qu'on ne sait (parce qu'on ne le perçoit pas) pas, chercher à le connaître, c'est là la grande différence entre l'enseignement du grand Sage et les doctrines hétérodoxes (qui se fondent sur les données ordinaires de la perception sans chercher au-delà).

   見,  非   也。耳   聞,  非   也。言   通, 非   也。
  :「     之,  不    」。
      在,  則     矣,  是         者,  盡   見,  則     
...
         之,  此        


S'il existe des choses qui échappent à nos yeux et à notre ouïe et qui ont pourtant les propriétés du visible et de l'audible, des mots que nous ne pouvons comprendre et qui ont pourtant un sens, celà vient de l'infirmité de nos sens. Mais comme il n'y a rien qui soit impossible à notre esprit, si notre réflexion se trouve impuissante, c'est qu'il y a des raisons auxquelles nous n'avons pas encore réfléchi.
C'est pourquoi il est dit : Qui pousse son esprit à ses limites, connaît sa nature. Notre esprit (porte en lui) ce qui constitue le monde (le Ciel) dans sa totalité.

      色,  耳      聲,  言      義,  小    也。
       矣;  思      理,  未   耳。
 曰:「        」。  者,  天    也。


Là où le vent et la pluie, où la rosée et le tonnerre n'atteignent pas, l'action transformatrice du Ciel ne s'exerce plus.
Quand l'homme de bien parle du Ciel, il ne veut parler que de ce qu'atteint son influence merveilleuse...
Dans ses réflexions, l'homme de bien ne sort pas de la place qui est la sienne et s'en tient aux transformations dues à l'action du Ciel.

       至,  天    行;  日      至,  天    行 。
    天, 言        尔。
...

(L'espace formé) en haut (par) le Ciel et en bas (par) la Terre s'appelle Yŭ. (La durée formée par) le passé qui s'en est allé et le présent qui est venu s'appelle Zhòu : mais on n'en a (jamais) fait un cercle.
Tout cercle a une substance extérieure et il est vide à l'intérieur : on pourrait dire que c'est un creux. Mais comment (l'ensemble formé par l'espace et le temps) serait-il de ce genre ?
L'espace et le temps de l'univers sont ce que réalise une accumulation immense de durée et d'espace...

     宇, 往     宙 : 雖 然, 莫      
    者, 則       實, 謂            哉 ?
  者, 積            縕, 知   舍,故     




Siwenlu Waipian

la succession de l'ordre et du désordre est entièrement le produit des impondérables dans les tendances au mouvement et au repos du Yīn et du Yáng. On peut sans doute admettre que, lorsque le désordre est arrivé à son comble, un ordre apparaît. Mais...
Le Yáng possède en lui une vertu de repos. C'est pourquoi au moment même du mouvement, il tend au repos. Le Yīn accumule en lui (Chŭ) une capacité de mouvement. C'est pourquoi au moment même du repos, il tend au mouvement.

« De toute Antiquité, dit Zhang Zai, les formes du soleil et de la lune n'ont pas changé. »
Quand Zhang Zai parle de leurs formes, il veut parler de leur modèle et figure, non de leur substance. Or la substance se renouvelle de jour en jour, cependant que la forme reste la même. Il n'y a pas d'objet (Qì) constant, mais mode de fonctionnement (Dào) constant. L'eau du fleuve Jaune et du Yangzi est (en apparence) la même aujourd'hui que dans l'Antiquité, mais (en fait) son eau d'aujourd'hui n'est pas la même. La lumière de la lampe est la même aujourd'hui qu'hier, mais la flamme d'hier n'est pas celle celle d'aujourd'hui. L'eau et le feu sont proches et faciles à voir, et c'est seulement parc que le soleil et la lune sont loins que nous ne pouvons les observer. Nos ongles et nos cheveux poussent chaque jour et nos anciens ongles et cheveux disparaissent : c'est ce dont tout le monde s'aperçoit. Mais les gens ne s'aperçoivent pas que leur peau et leur chair se renouvellent chaque jour. Voyant que les formes ne changes pas et ignorant que la substance (des choses) a changé, ils croient que la lune et le soleil de notre temps sont celles qu'ils avaient à leur naissance. Comment leur parler de cette transformation qui est "renouvellement de chaque jour"? Du Yang qui assemble de la lumière et qui est toujours semblable à lui-même, tel est le soleil; du Yin qui assemble une clarté lunaire (Po) et qui est toujours semblable à lui-même, telle est la lune. Le fait de se renouveler chaque jour et ne s'altérer jamais, voilà ce qui est être sans faute (Wu Wang).

              。」
                                
...
   也,  而  昨,  火   火。      知,  日       
         也, 人   也。肌         也, 人    也。
             遷,  則            月,
          肉,  惡        
!

Les hommes bons (Shàn Rén) sont toujours une minorité et les mauvais, le plus grand nombre ...
Ils aiment ce qui est nouveau, se laissent émouvoir par les beautés qui sortent de l'ordinaire. Leurs émotions et les goûts changeant leurs sentiments naturels, ils se créent à eux-mêmes bornes et limites


Du Tongjian Lu

Croissance ou déclin du faste et du néfaste dépendent du Ciel, mais réussite ou échec dépendent de l'action ou de la réserve des hommes.
(Les bonnes dispositions) du Ciel sont ce que les hommes doivent attendre et, dans ce cas, le Ciel leur répond à coup sûr. Quand les êtres sont parvenus au terme de leur développement, ils dispersent immanquablement leur esprit. Mais, si on est en mesure d'examiner dans le calme, il est possible de saisir l'incipit du mouvement.
Le Ciel dispose de mécanismes de croissance et de déclin qui permettent de surmonter tous les dangers et tous les obstacles du monde, mais inflige toujours des souffrances à ceux qui ne savent pas attendre.
Est bien avisé celui qui sait percevoir ces phénomènes de croissance et de déclin pour agir ou s'abstenir...

      天,  動     人。
      待,  而        也。 物      消,  人      動。
         機,  以      阻,  而       待。
          靜,
...

Celui qui connaît le Ciel connaît (aussi) ses instants fugitifs. Le Ciel a aussi bien un principe d'ordre constant que des instants fugitifs dont il faut savoir profiter. Celui qui connaît l'ordre régulier du Ciel ainsi que ses instants fugitifs excelle à agir pour le bien des êtres.
Par ailleurs, il s'abstient d'agir de manière à ne pas nuire aux êtres et les êtres ne peuvent non plus le blesser.
Veiller à la continuité de la transformation des êtres en fonction de l'ordre du Ciel, c'est posséder la puissance d'agir de l'homme (vertu); maintenir le mal à distance en tenant compte des instants propices à l'action, c'est la méthode (Dao) de Huangdi et de Laozi. Etre en deçà, c'est sortir de la Voie !
En comptant seulement sur leur perception immédiate mettant de côté la capacité d'anticipation, l'action des hommes ordinaires pousse les choses à bouger.
Les ayant ainsi provoquées, étouffant leur surprise ils s'imaginent être des précurseurs. Le mouvement qu'ils ont déclenché ne pouvant s'arrêter, le fléau se répand dans le monde entier et le sang coule en ruisseaux.

  者,  知    也。 夫       焉,  有     焉。 知    者,  善    物;
    者,  居     物,  而      之。
    者,  君    也; 以    者,  黃、老   也; 降    矣。
                    動。
   動,  而     覺。 動   止,  毒     下,  而    渠。


Tant que le moment n'est pas venu, il n'est pas possible de l'anticiper.
Mais quand les énergies se sont mises en branle, même avec des souverains et des ministres incapables, avec des peuples qui supportent difficilement les expéditions guérrières,
les erreurs se transforment en succès et les fautes en exploits. Il y a là quelque chose de véritablement insondable.
L'homme, en l'imitant, a tiré parti de ce que le Ciel a rendu possible, mais cela ne relève pas des capacités humaines; ...

   至,  不   焉 。
     動,  則      臣,  役     姓,
       得,  即      功,  誠      矣。
   啟,  人   之,  非    也 。 聖    勤,  人   之,  則      在。


Ce qu'il y a de précieux dans l'histoire, c'est qu'en exposant le passé, elle est un maître (Shi) pour la postérité.
Mais si l'historien s'est contenté de multiplier les faits et n'a pas mis en évidence les grands principes qui ont permis de règler le monde, les générations postérieures qui voudront saisir les mécanismes de la réussite et de l'échec n'auront plus aucun moyen de s'inspirer de ces modèles. Alors, à quoi bon l'histoire ?...

    者,  述       
...

[Pour comprendre le sens de l'histoire], qu'on se place en personne dans le moment (Shí) et les forces dominantes (Shì) du passé, comme s'il s'agissait d'une situation qu'on aurait soi-même rencontrée ; qu'on réfléchisse et se soucie des combinaisons et des actes qui auraient été alors nécessaires, comme s'il s'agissait d'affaires dont on aurait été soi-même responsable.

      勢,  爲     逢,  研      爲,  記    

Baleines et salamandres ne quittent pas leurs eaux profondes, loups et tigres ne quittent pas leurs forêts.
S'ils perdent leur milieu naturel, ils épuisent leurs forces et dispersent ce qui leur appartient
...
Sur ce sur quoi ils prennent appui, le Ciel fait naître et se développer toutes les espèces, mais la Terre impose les limites de ses régions, si bien que les influences célestes en sont modifiées et que le destin des espèces est différent.

     淵,   豺     林。
   據,  力     歸 ...


Que les plus distingués soient mandarins, que les gens simples soient agriculteurs, que les plus agiles et les plus forts soient soldats !.
Le Ciel leur ayant donné ces aptitudes et l'exercice de ces aptitudes ayant formé leur nature de façon définitive. C'est ce qu'on appelle hiérarchie naturelle et fonctions humaines,
c'est uniquement ainsi que leurs anciens souverains et les rois (fondateurs des Trois Dynasties antiques) ont réparti et organisé les hommes de façon à ce que chacun se trouve bien à la place qu'il occupait.

   士,  樸   農,  僄     兵,
   才,  習   性,  不   也,  此    秩,  此    官。
        物,  而     者,  此   矣。



Songlun

Par ces effets de freinage et d'accélération qu'il est capable d'induire, de leurs effets différenciels sur la situation globale et de la courbure qu'ils finissent par donner aux transformations, le Ciel impose son ordre.
Si l'homme n'est pas capable d'agir à la place du Ciel, dans certains cas particuliers, grâce à son assiduité et à son évaluation de la situation, il peut lui apporter son aide.

     移,  斟       命。
     工,  而      也。


Il y a dans le monde des choses auxquelles on peut parvenir par la réflexion et des choses qu'on peut connaitre par l'étude : ce sont les notions et les principes.
Toutefois, il y a des choses et des êtres qui échappent à la réflexion et à l'étude.
Les noms et les nombres qu'on utilise aujourd'hui sont limités, tandis que dans leur réalité même, êtres et choses se distinguent à l'infini en espèces et sous-espèces...
Les feuilles d'un arbre se dénombrent en myriades, et parmi elles, on serait bien en peine d'en trouver une qui soit strictement semblable à une autre. Comment les noms pourraient ils les limiter ? Les changements sont infinis, ...

      得,  學    者,  理 也;
    得,  学    知,物 也 。
...
  物,  名    矣,  數     
   葉,  其   萬,  求             也,  而      
?   ...


Shangshu Yinyi

[Les taoistes prétendent :] « Tout sous le ciel n'est que moment opportun et force des choses et exige que l'homme sache profiter des moments favorables et se conformer à la force des choses » ...
[Wang Fuzhi s'oppose à eux et affirme:] Même dans le plus petit instant, nous sommes liés aux autres êtres; nos moindres mouvements, nos moindres paroles se produisent en relation nécessaire avec les autres êtres.

    有,      矣,  乘  時,  順  勢。

Il y a deux moyens de connaissance. Ces deux moyens viennent au secours l'un de l'autre, et cependant chacun a une démarche qui lui est propre. L'un consiste à acquérir un vaste savoir de toutes les figures et nombres, à vérifier tout ce qu'on peut connaître dans toute l'étendue de l'histoire afin de chercher à en épuiser les principes (Li). C'est ce qu'on appelle « scruter les choses » (Gé Wù, 格 物).
[Le deuxième consiste à] rester parfaitement impartial (Xū) afin de manifester sa clairvoyance, à réfléchir afin d'aller jusqu'au fond de ce qui nous est caché. C'est ce qu'on appelle « développer sa réflexion » (Zhì Zhī, 致 知).
A moins de développer sa réflexion, les choses ne peuvent être maîtrisée et l'attrait pour les choses mêmes détruit les plus hautes aspirations (Wan Wu San Zhi). Sans (effort pour) scruter les choses [sans nourriture pour l'esprit], la réflexion, n'ayant plus d'objet auquel s'appliquer et ayant perdu tout point d'appui, se porte vers les théories vicieuses.
Ces deux moyens de connaissance venant au secours l'un de l'autre, il est indispensable de faire appel à chacun d'eux.

      二,  二    也,  而     從。
    數,  遠    今,  以    理,  所    也。
    明,  思    隱,  所    也。
  知, 則          志;         用, 而     邪。
           焉。


Pourquoi Mencius considère-t'il nos sens comme la petite partie de l'ensemble humain (et l'esprit comme la plus importante)? [L'esprit et les sens sont indissociables car,] si la petite partie du corps de l'homme et la plus importante étaient séparées par des limites et des frontières, cela reviendrait à dire qu'en un seul homme, il y aurait deux ensembles (constitutifs)
Quand on unit sens et esprit et qu'on s'attache à la partie principale, on appelle cela organe de l'esprit (Xīn Guān), mais quand on les divise et qu'on ne s'intéresse qu'à la moins importante, on appelle cela organes des sens (Er Mù Zhì Guān). Parmi les organes il y a un maître et des auxiliaires, mais cet ensemble ne connaît aucune division (il est tout à la fois sens et esprit)...
Unis (à l'esprit) les sens sont grands; séparés, ils sont vils. Quand ils portent sur l'essentiel, ils sont assurément grands; quand ils poursuivent des buts secondaires, ils sont vils. Par conséquent, la bassesse des sens réside dans leur caractère d'organes, non dans les fonctions qu'ils assument. Si, avec la finesse de son ouïe et de sa vue, l'homme peut délibérer et faire preuve d'intelligence, car c'est seulement parce que sa réflexion ne fait qu'un tout (avec ses sens).

...      本,  則    官,  於     末, 則      官。
   輔,  體   
...


Shi Guangzhuan

Toutes les productions du Ciel et de la Terre ont leur utilité, nourriture et sexualité ont leur pureté. Respectant leurs productions, l'homme de bien les répartit conformément aux lots de chacun, en accordant toute leur importance aux distinctions qui s'attachent aux nourritures et aux relations entre l'homme et la femme; ainsi fait-il régner l'harmonie et la paix entre les hommes

     産,  皆   用。    女,  皆   貞。
       産,  而    分。       辨,  而    安。


Confucius a voulu dire qu'il y avait deux chemins pour venir à la connaissance. L'un est l'étude, l'autre la réflexion. Etudier consiste à suivre ce que d'autres ont compris avant soi sans mettre toute sa confiance dans sa propre perspicacité. Réfléchir consiste à se fier à ses propres capacités merveilleuses de compréhension sans suivre les traces que nous ont laissées les anciens. Or, si l'on veut parvenir à un résultat, étude et réflexion ne doivent pas être exclusives l'une de l'autre, mais s'aider au contraire mutuellement.

Il n'y a ni changement, ni justesse qui n'intervienne au bon moment. Si ce qui arrive à contretemps devait être juste, comment le monde pourrait-il être réglé ?
     ...
Ce qui arrive au bon moment peut être tenu pour juste. Si l'on s'étonnait des changements du moment et qu'on ne s'y fiait pas pour agir justement, il n'y aurait jamais au monde ces dix règles que sont le faste et le néfaste, la réussite et l'échec , le vrai et le faux, le contraire et le conforme, l'union et la séparation, et aucun changement ne suffirait à les établir.

   時,  莫   時。 非    貞,  則       哉  ?
   歆,  胡   時,  則    歆,  亦    矣,  而    乎 !
        矣,  驚          
                     紀,  而       



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