REIMS QI GONG, Yăng Shēng
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La notion de « Qíng »






Avec le mot Xìng, le mot Qíng est très important dans l'expression, pour l'analyse ainsi que la compréhension de la pensée chinoise préimpériale comme nous allons essayer de le suggérer ci-après pour les esprits curieux. Or, le sens du mot Qíng a considéralement évolué dans cette période.
Avant le IVème siècle av. J.-C., le mot Qíng désignait généralement les conditions objectives du monde, les circonstances, la situation, la réalité essentielle. Dans une étude portant sur une trentaine de passages tirés de textes anciens, A.C. Graham observe à propos de l'usage et du sens du mot, d'une part, qu'en tant que nom, Qíng signifie les faits, en contraste non seulement avec les mots Mìng, Wen et Shēng (qu'il traduit par réputation) mais aussi Qing se place en opposition à la notion de potentialité. Il note également qu'en tant qu'adjectif Qíng signifie véritable, essentiel, fondamental. Quant à C. Hansen, il soutient que Qíng fait davantage référence au feed-back de la réalité ou au donné de la réalité qu'aux états émotionnels proprement dits.

En tout cas, le mot Qíng a progressivement pris le sens de disposition naturelle, de disposition foncière, d'émotion incluant : joie, colère, tristesse, plaisir (Le), peur, amour, aversion, haine...

Les manuscrits découverts à Guodian en 1993 et notamment le Xìng Zi Ming Chu ont stimulé la recherche pour mieux cerner l'importance et le sens de ce mot. Ils indiquent en particulier son rôle dans la pratique spirituelle de la pensée confucéenne. U. Middendorf suggère ainsi qu'appliqué aux êtres animés, Qíng, appartient à un groupe de mots concernant des observations relatives à un examen d'états affectifs proches de la notion d'affection (affectio en latin) au XVIIème et de la notion moderne d'émotion.

Encore aujourd'hui, tout le monde sait ce qu'est une émotion jusqu'à ce qu'on lui en en demande une définition (Fehr et Russell). Les anciens chinois n'avaient pas manqué de remarquer qu'une émotion a besoin de l'intervention d'un stimulus (Wù) pour se manifester.

En général, bien que les êtres humains aient une nature (Xìng), l'esprit (Xīn) n'a pas de détermination (Zhí) fixe. Il dépend des choses (). Il dépend des choses et seulement alors se met en mouvement, il dépend du plaisir (l'évaluation positive) et seulement alors il devient actif, il dépend de la pratique et seulement alors arrive à se fixer. Les Qi de la joie, de la douleur, du chagrin sont donnés par la nature. S'ils apparaissent sur le dehors, c'est parce que des choses les stimulent. Xìng Zi Ming Chu

Bien que ce ne soit pas explicité, les émotions indiquées doivent être considérées comme des illustrations de la notion de Qíng dans le sens d'émotion ou de sentiment véritable traversant le corps. L'apparition d'un état émotionnel ou d'un état d'esprit résulte de l'interaction avec les choses extérieures et ainsi stimulés par les choses, désirs et émotions émergent du Xìng. Dans ce passage, Xìng et Qíng sont reliés au travers de la notion de Qi qui traduit le mouvement qui remplit le corps et le relie au monde extérieur...

Poursuivant son étude, A.C. Graham a relevé que l'emploi de Qíng dans des contextes philosophiques signifierait plutôt : qui ne relève pas de la situation (les faits basiques, inhérents), mais des choses (Wù), pouvant inclure des choses inanimées, des concepts abstraits (Dao) et des êtres animés (Ren). Il note que Qíng figure souvent en proximité des mots Xìng, dans le sens de forme, et Mao, comportement, apparence.

Par ailleurs, chez Mencius où Qíng peut prendre un sens proche de celui d'essence, Graham choisit de traduire Qing Yù par désirs essentiels. Mais chez Confucius et Xun Zi, Qíng prendrait, dans l'accomplissement du rite, le sens de véritable et sans artifice, en contraste avec Mao et Wen, raffinement, modèle.
Graham en arrive ensuite à la relation entre Qíng et Xìng (nature humaine) et distingue chez Xun Zi deux sens au mot Xìng jusqu'alors relativement imprécis, à savoir :
le cours ou la direction de l'activité spontanée (tendance) et l'activité spontanée elle-même (réalisation).
Ainsi, Xun Zi identifie Qíng avec les passions (émotions) qui sont naturelles dans le second sens (réponse naturelle) où Qíng rejoint le sens de véritable...

Dans le Xìng Zi Ming Chu on trouve cette phrase :

La Voie (Dao) commence dans le Qíng

à rapprocher du Hanfeizi qui explicite avec des mots différents du Laozi la clé de la pratique de la Voie :


Encore une fois, le Xìng Zi Ming Chu indique l'importance et les moyens de cultiver le Xìng (Yăng Xìng ) en précisant les rapports entre le Xìng, le Qíng et le rite :

Certaines choses meuvent la nature [humaine], d'autres la rendent conforme, [...] d'autres la nourrissent, d'autres encore la laissent grandir..., ce qui nourrit la nature [humaine], c'est la pratique, ce qui cause la croissance de la nature [humaine], c'est la Voie. [...]
Les rituels sont créés à partir des émotions (Qíng) [...] Ils ont été élaborés pour correspondre à la matière [disponible] et se fondent sur une méthode. [...]
Le Jun Zi, le gentilhomme, embellit ses émotions, estime la moralité, approfondit sa modération, aime les bons comportements, trouve de la joie dans le Dao...

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    理, 欲    
Même dans l'aversion, on ne se départira pas de l'ordre des choses, même en état de désir on ne transgressera pas sa nature - Xin Shu - 9

   
La nature découle du destin - Xing Zi Ming Chu 1.2

     
Vide, [le maître] perce la réalité des émotions - V-1 La voie du maître
  








































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