REIMS QI GONG, Yǎng Shēng
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Zhuang Zĭ (365-290 av. J.-C.) - Le Zhuāngzĭ - Courts extraits
Le Zhuāngzĭ auquel nous avons accès, sous la forme d'un livre de 33 chapitres riches d'observations fines et parfois déconcertantes, a été mis en forme par Guo Xiang, qui en fut un des premiers exégètes. Le Zhuāngzĭ, l'oeuvre entière, est attribuée à Maître Zhuang, Zhuang Zĭ. Cependant nous n'en sommes sûr qu'en ce qui concerne les 7 premiers chapitres, appelés chapitres intérieurs (Nei Pian). En bref, l'ouvrage a été vraisemblablement écrit entre 325 et 175 avant J.-C.
Cet ouvrage ne saurait en aucun cas, même en chinois classique, être lu de manière superficielle : cela ne présenterait virtuellement aucun intérêt. Pour en percevoir la pertinence et la profondeur, chaque histoire, chaque situation doit être examinée en détail, déchiffrée et mise en rapport avec l'expérience correspondante d'ailleurs toujours décrite avec un grand soin.
Ce type de lecture, par les deux bouts, est en revanche, du plus grand intérêt pour les pratiquants de Qi Gong, de Bā Guà, de Taiji Quan qui ont un éprouvé par la pratique pour comprendre le Yǎng Shēng dans la mesure où cet exercice permet la révélation, par résonance, entre les lignes, de certains aspects et détails essentiels...
Chapitre II

La vie humaine est limitée (Ya), la connaissance (Zhī) est illimitée... La parole n'est pas sûre, c'est de la parole que viennent toutes les distinctions.


Chapitre III

Quand le boucher du prince Wen Hui dépeçait un boeuf, ses mains empoignaient l'animal; il le poussait de l'épaule et les pieds rivés au sol, il le maintenait des genoux. Il enfonçait son couteau avec un tel rythme musical qui rejoignait parfaitement celui des célèbres musiques qu'on jouait pendant la danse du bosquet des mûriers et le rendez-vous des têtes au plumage.
Eh! lui dit le prince, comment ton art peut-il atteindre un tel degré?
Le boucher déposa son couteau et dit : Ce qui intéresse votre serviteur, c'est le fonctionnement des choses et non pas juste la technique.

      也,      

Au début de ma carrière, je ne voyais que le boeuf. Après trois ans d'exercice, je n'en voyais plus que certaines parties. Maintenant c'est mon esprit qui opère plus que mes yeux. Mes sens n'agissent plus, mais seulement mon esprit. Je connais la conformation naturelle du boeuf et ne m'attaque qu'aux interstices. Si je ne détériore pas les veines, les artères, les muscles et les nerfs, à plus forte raison, les grands os : Un bon boucher use un couteau par an parce qu'il ne découpe que la chair. Un boucher ordinaire use un couteau par mois parce qu'il le brise sur les os. Le même couteau m'a servi depuis 19 ans. Il a dépecé plusieurs milliers de boeufs et son tranchant paraît toujours comme s'il était aiguisé de neuf. A vrai dire les jointures des os contiennent des interstices et le tranchant des couteaux n'a pas d'épaisseur. Celui qui sait enfoncer le tranchant très mince manie son couteau avec aisance, parce qu'il opère à travers les endroits vides. C'est pourquoi je me suis servi de mon couteau pendant 19 ans et son tranchant paraît comme s'il était toujours aiguisé de neuf. Chaque fois que j'ai à découper les jointures des os, je remarque les difficultés particulières à résoudre et je retiens mon haleine, fixe mes regards et opère lentement. Je manie très doucement mon couteau et les jointures se sépare aussi aisément qu'on dépose de la terre sur le sol. Je retire mon couteau et me relève: je regarde de tous côtés et me divertis ici et là ; je remets alors mon couteau en bon état et le rentre dans son étui.
Très bien, lui dit le prince Wen Hui. Après avoir entendu les paroles du boucher Ding, je comprends enfin ce qu'il faut faire pour cultiver ce qui jaillit [en soi] de la vie (Yǎng Shēng).

 哉 ! 吾     言,  得   


Chapitre VI

Distinguer l'action du ciel d'avec l'action de l'homme, voilà le sommet de la connaissance.

 

Connaître l'action du ciel, c'est constater ce que chacun de nous possède par nature.
Connaître l'action de l'homme, c'est essayer de préserver ce que son intelligence ne peut connaître par ce qu'elle connaît.[...]
Qu'est ce que l'homme véritable? L'homme véritable de l'antiquité n'opprimait pas la minorité, ne faisait pas étalage de son succès et n'aguichait pas les hommes Il ne regrettait pas ses erreurs et ne tirait pas fierté de ses bonnes actions [...]
Dans l'antiquité, l'homme véritable ne rêvait point pendant son sommeil ; il ne se faisait pas de souci à son réveil ; il ne prenait pas de repas savoureux. Il respirait très profondément : sa respiration provenait de ses talons. [...]
Son coeur était tranquille. [...]. Sa joie et sa colère se manifestaient selon le rythme des quatre saisons. Il savait s'adapter à tous les êtres...




Chapitre XI

On doit laisser le monde à lui-même et être tolérant à son égard et non le gouverner On doit le laisser à lui-même afin que les hommes ne s'écartent pas de leur nature innée. On doit être tolérant afin qu'ils n'altèrent pas leur vertu propre. Si chacun ne s'écarte pas de sa nature et conserve intacte sa vertu est-il besoin d'un gouvernement?
[...]
Comment peut-on améliorer les hommes sans les gouverner?
Gardez vous de troubler leur esprit, répondit Laozi, L'esprit de l'homme est ainsi fait que toute pression l'opprime et que toute incitation l'exalte. Opprimé, il devient prisonnier, exalté, il devient féroce. La souplesse et la faiblesse l'emportent sur la dureté et la force. Qui cherche la pureté exclusive s'échauffe comme le feu et se refroidit comme la glace. La pensée de l'homme est si rapide [...] Fier et indomptable est l'esprit de l'homme. [...]
Ne regardez rien, n'écoutez rien et gardez votre esprit dans la quiétude et votre corps se rectifiera de lui-même. [...] Veillez à votre intérieur, fermez-vous à ce qui vous est extérieur. Car vouloir trop apprendre mène la ruine

Chapitre IV

Utilise et unifie ton intention. Plutôt que d'écouter avec les oreilles, écoute avec l'esprit (Xīn). Plutôt que d'écouter avec l'esprit, écoute avec le Qi. L'ouïe s'arrête à l'oreille, l'esprit s"arrête à ce qui s'accorde avec lui [(ce qu'il reconnaît)]. Le Qi c'est le vide (Xū) qui accueille.toute chose. Or, seul le Qi accumule le vide. Ce vide c'est le jeûne de l'esprit.

Chapitre VII

Ne joue pas au maître des noms, ne fais pas de ton corps un bureau à projets, ne te prends pas pour la personne en charge, ne laisse pas ta conscience jouer les propriétaires.
Fais corps avec l'infini, ébats-toi en restant invisible, déploie pleinement ce que tu as recu du Ciel sans chercher à voir ce que tu en retireras, demeure vide et voilà tout.
Les hommes parfaitement accomplis se servent de leur esprit comme d'un miroir; ils ne vont pas au devant des choses, ni ne se laissent entrainer, ils n'emmagasinent rien, étant pure réactivité. C'est ainsi que l'on peut avoir prise sur le dehors, sans se laisser nuire.

   尸,  無   府,  無   任,  無   主。
   窮,  而   朕,  盡     天,  而   得,  亦   已。
      鏡,  不   迎,  應   藏,  故      傷。


Chapitre XIII

[...] Heureux celui qui n'agit pas! Il ne connaît ni chagrin ni misère et il vit longtemps. Le vide, la tranquillité, le détachement, l'insipidité, le silence et le non-agir constituent le principe de tous les êtres.

[...]


Le monde, ce qu'il aime du Dào, il le trouve dans les livres.


Mais les livres ne vont pas au-delà des mots, pourtant les mots ont de la valeur.


Les mots, ce qu'ils ont de précieux, c'est le Yì.


Le Yì possède ce qui se conforme au mouvement naturel.


Le charron Biăn

Le duc Huán, là-haut dans une salle de son palais, lisait un livre, tandis qu’en bas, dans la cour, le charron Biăn martelait une roue. Laissant là son marteau et son poinçon, ce dernier monta dans la salle et interrogea le duc : « Oserais-je demander au duc ce qu’il est en train de lire ?
Ce sont les paroles des sages.
Et ces sages sont-ils encore vivants ?
Il sont morts. »
Biăn s’exclama : « dans ce cas, ce que le duc lit, ce ne sont que les déjections des Anciens ! »
Le duc s’emporta : « Alors comme ça, c’est moi, le maître, qui lis un livre, et toi, le charron, qui me fais le commentaire ? Si tu peux me convaincre, très bien, si tu n’as rien à dire, prépare-toi à mourir ! »
Biăn répondit : « Je ne suis que votre modeste serviteur, et je vois les choses du point de vue de mon expérience Quand je taille une roue, et que j'attaque frop doucement mon coup ne mord pas, en revanche si j'attaque trop fort, il s'arrête dans le bois ; j’aurai beau me donner du mal les pièces ne s’imbriqueront pas bien ensemble.
Dans un mouvement ni trop lent, ni trop rapide, c'est la main qui trouve cela et c'est l'esprit (Xīn) qui réagit. Il y a là un tour qui ne peut se transmettre par des mots.

   疾,  得       心,  口   

C'est pourquoi je n'ai pu le passer à mes fils, pas plus qu'ils n'ont pu le recevoir de moi. Je peux le faire parce que j’ai 70 ans et que j’ai toujours fabriqué des roues. Les hommes d’antan ont emporté avec eux dans la tombe cette chose qu’on ne saurait transmettre, c’est pourquoi je dis que ce que lit le duc, ce ne sont que les déchets sans valeur des hommes du passé !


Chapitre XIX

Le duc Wei des Zhou demanda : « J'ai entendu dire que Zhu Shen a étudié le problème de la conservation de la vie et que vous vous êtes mis à son école. Qu'avez-vous appris de lui ? » ...
Kāi Zhī répondit : « Voici ce que j'ai appris du maître : "Qui sait prendre soin de sa vie (Yang Sheng) imite le berger qui fouette les derniers moutons de son troupeau" » .

   曰 :
「吾     生 。 吾     遊,  亦   ?」 ...
  曰 : 「聞    曰 :
    者,  若   然,  視      之。』」



Chapitre XX

Bei-gong Shè collectait les impôts au nom du duc Ling de Wei...
(Le duc de Wéi lui demanda par quel art parvenait-il à accomplir aussi efficacement ce travail ingrat. Il répondit :)
Tout uni que j'étais dans mon travail, je ne me suis pas risqué à prendre mes aises. J'avais entendu dire qu'étant donné que tel que je suis sculpté et ciselé, (il fallait que) je m'en retourne à mon état natif. Candide et sans conscience, indécis et hébèté j'ai donc reconduit ceux qui s'en allaient, je suis allé au devant de ceux qui arrivaient, sans rien retenir, ni rien interdire..
Je suis allé dans le sens des fortes têtes, j'ai laissé faire les tordus, j'ai circonvolué avec les roublards et les combinards, mais me suis constamment appliqué à rendre raison des ressources de chacun.
C'est ainsi que j'ai pu mener à bien ma collecte sans essuyer le moindre rebuffade. Imaginez donc ce qu'il doit en être pour celui qui chemine sur la grande voie.

  間,       。 奢  之:  
    琢,       』;
    識,       疑,      乎,        來;  
   禁,      止;
   梁,      傅,       
         挫,          


Chapitre XXII

L’homme doit la vie à une condensation () de Qi. Tant qu’il se condense, c’est la vie; mais dès qu’il se dissipe (Săn), c’est la mort.

  生, 氣   也,      生,      

Nieque s'enquit à propos du Dào auprès de Beiyi. Celui-ci dit : Rassemblez votre corps, unifiez votre perception des choses et l'harmonie de la nature arrivera jusqu'à vous. Tenez en lisière vos connaissances (Zhī), unifiez votre comportement et la transcendance (Shén) viendra résider en vous. La vertu sera votre beauté et le Dào sera votre demeure, tandis que vos pupilles devenues pareilles à cells d'un veau nouveau-né, vous n'en chercherez pas la cause.


Chapitre XXVII

Toutes les choses du monde naissent d'un germe (Zhŏng) qui se métamorphose incessamment. Leur commencement et leur fin sont comme un cercle dont l'ordre n'a pas de terme.
Ce cycle des commencements et des fins s'appelle le Tour du Ciel. Le Tour du Ciel, c'est la loi de la nature.

 : : : :也,   : : : : : :禪,  始 : : :環。
 : : :倫,   是 : : :均。 天 : :者,  天 : :也。



Yan Hui fait des progrès

– J’ai fait des progrès, dit Yan Hui.
– Comment cela? demanda Confucius.
– J’oublie la bonté et la justice, répondit Yan Hui.
– C’est bien, remarqua Confucius, mais cela ne suffit pas. Lorsqu’ils se revirent, Yan Hui dit:
– J’ai fait des progrès.
– Comment cela? s’enquit Confucius. – J’oublie les rites et la musique, expliqua Yan Hui.
– C’est bien, observa Confucius, mais cela ne suffit pas. Lorsqu’ils se revirent, Yan Hui dit encore:
– J’ai fait des progrès.
– Comment cela? demanda Confucius.
– Je puis rester assis dans l’oubli, répondit Yan Hui.
– Que veux-tu dire par là? demanda Confucius intrigué.
– Je laisse aller mes membres, je congédie la vue et l’ouïe, je perds conscience de moi-même et des choses, je suis complètement désentravé: voilà ce que j’appelle être assis dans l’oubli.
Confucius déclara: Si tu es sans entraves, tu n’as plus de préjugés favorables (ou défavorables). Si tu épouses les métamorphoses de la réalité, tu n’es plus soumis à aucune contrainte. Te voilà devenu un sage. Souffre que moi, Cheou (prenom de Confucius), je devienne ton disciple.


Perception et oubli

Les poissons vivent ensemble dans l'eau ; les hommes vivent ensemble dans la Voie. Ceux qui vivent dans l'eau, creusez-leur un bassin et ils y trouveront tout ce dont ils ont besoin. Ceux qui vivent dans la Voie, qu'ils restent dispos (ou désoccupés), et ils auront tout ce qu'il leur faut .C'est pourquoi je dis : Les poissons s'oublient dans les rivières et les lacs, le hommes s'oublient (Wang) dans l'art d'épouser le cours des choses (Dào Shu).

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